Surmonter la crise sans précédent de l’emploi et de la santé mentale
Le nouveau rapport d’Eurofound intitulé « Vivre, travailler et COVID-19 » dresse le constat d’une crise européenne de la santé mentale liée à un nombre record de personnes perdant leur emploi. Cette étude alarmante se fonde sur une enquête à grande échelle menée auprès de 190 000 participants dans toute l’UE, et révèle des tendances similaires dans tous les États membres. Les cadres et les décideurs politiques doivent désormais s’atteler en priorité à créer des conditions de travail plus favorables pour la santé mentale et la sécurité de l’emploi.
« Nous constatons avec regret que les risques de précarité financière, d’isolement et de dépression se sont généralisés au sein de l’UE. Avec la polarisation de la société et des marchés du travail, nous avons besoin d’une action concrète en matière d’inclusion socioéconomique, de création de nouveaux emplois durables et d’infrastructures pour la santé mentale. Les cadres du secteur public et du privé ont un rôle essentiel à jouer à cet égard. » Maxime Legrand, Président
Le rapport sur l’évolution des conditions de vie et de travail en Europe illustre l’ampleur des dégâts en termes de précarisation financière des citoyens et de détérioration de la santé mentale et fait état de politiques de santé inadaptées dans de nombreux États membres. Avec 50 % des participants qui déclarent vivre dans une situation de fragilité financière, il convient d’accorder davantage d’attention à la question de l’emploi en tant que contributeur essentiel pour la stabilité financière, l’inclusion sociale et la durabilité des nouveaux emplois.
S’agissant des services publics, une infrastructure de santé (mentale) plus efficace et accessible et plus solidaire est nécessaire dans l’UE et au sein des États membres. Dans le secteur privé, les
cadres ont tout intérêt à concevoir des flux de travail plus adaptés et plus favorables à la santé, tout en entretenant un dialogue de confiance avec leurs employés. Les employeurs sont responsables de la santé et de la sécurité au travail, y compris en télétravail, et il importe d’accélérer la prévention des risques psychosociaux pour la santé. En l’absence de mesures, nous risquons d’hypothéquer la qualité de vie et la santé publique, et de faire exploser les coûts macroéconomiques.
Aujourd’hui, 18 % des citoyens de l’UE ont des besoins médicaux non satisfaits, principalement dans les États membres d’Europe de l’Est et les pays les plus durement touchés par les mesures d’austérité prises par l’UE dans le secteur de la santé. En outre, une majorité croissante de citoyens déplore le manque de transparence, l’inéquité, la difficulté d’accès et l’inadéquation des mesures de soutien des services publics liées à la pandémie pour ceux qui en ont le plus besoin. Les citoyens allemands sont les plus insatisfaits par ces mesures, l’Irlande affichant en revanche le taux de satisfaction le plus élevé. Cette insatisfaction croissante à l’égard de la réponse à la pandémie représente une menace, non seulement pour la confiance dans les services publics, mais également dans les institutions démocratiques et les valeurs de solidarité.
En ce qui concerne le télétravail, on compte désormais moins de personnes travaillant exclusivement depuis leur domicile que pendant l’été 2020. Les préférences concernant les modalités du télétravail sont très variées, ce qui oblige les cadres à tenir compte des préférences des travailleurs. Environ 47 % des employés se disent favorables au télétravail tous les jours ou quelques jours par semaine, tandis que 24 % sont réfractaires à l’idée de travailler depuis leur domicile.
Comme cela a déjà été confirmé lors de nombreuses études antérieures, les femmes sont en général plus durement touchées par les conséquences de la pandémie que les hommes. En raison de l’augmentation de la charge de travail, des politiques inadaptées et de l’absence de structures de soutien, les femmes souffrent de façon disproportionnée de fatigue, de solitude et d’un risque de dépression. Néanmoins, le rapport montre également qu’un nombre record d’hommes sont également confrontés à la dépression, à la solitude et au stress. Comparés à d’autres groupes, seuls les hommes plus âgés sont relativement épargnés par les circonstances plus difficiles liées à la pandémie. Un rapport antérieur de la CEC avait déjà démontré que les cadres sont particulièrement touchés par les problèmes de santé mentale et de surmenage professionnel.